Les médias et les droits de l’Homme ne sont pas toujours les meilleurs amis du monde. Fin mars, le président du Conseil des Droits de l’Homme, l’ambassadeur allemand Joachim Rücker, réaffirmait au Club suisse de la presse combien le rôle des médias était important pour améliorer la situation des droits humains dans le monde. Mais ce rôle ne va pas de soi.

D’un côté, les médias contribuent à l’amélioration de la situation des droits de l’Homme en relayant les critiques des activistes des droits humains à leur encontre. C’est très désagréable pour les Etats, qui n’aiment généralement pas beaucoup les critiques. Certains d’entre eux – mais en réalité presque tous sont dans ce cas, y compris les Occidentaux qui se targuent souvent de donner des leçons aux autres – ont donc tendance à redouter les médias et cherchent à les contrôler ou les faire taire.

De l’autre, les médias, notamment occidentaux, créent volontiers une distorsion en matière des droits de l’Homme. Ils escamotent les questions qui ne conviennent pas à l’agenda occidental, lequel met presque exclusivement l’accent sur les droits politiques au détriment des droits sociaux et économiques et ajournent les questions délicates comme la religion. Il est évident que, dans la compétition pour la domination mondiale, les droits de l’Homme sont instrumentalisés par certains pays et certaines ONG en vue d’obtenir des avantages politiques ou économiques. Et les médias, consciemment ou non, se font souvent les porte-parole de ceux qui ont les moyens financiers et techniques de parler fort.

Entre la méfiance légitime et la volonté de censurer ce qui déplait, on pourrait se dire que la meilleure solution est de ne rien faire, c’est-à-dire de se taire, de rester muet, et d’ignorer les médias. Mais chacun convient que, dans un monde de communication permanente et instantanée, cette attitude serait vite contre-productive et suicidaire. Car se taire fait croire que l’on a quelque chose à cacher et vous rend immédiatement suspect.

Dès lors, il faut apprendre à utiliser les médias pour ce qu’ils sont : des relais d’opinion. Il faut les affronter, dire, reconnaitre les éventuelles erreurs et les points à améliorer, pointer du doigt les insuffisances, les non-dits, les partis pris. Bref, rester au plus près de la vérité sans se dédire ni exagérer. A terme, c’est ce qui finit par payer le plus. C’est dans cet esprit que le Club suisse de la presse accueille les missions diplomatiques et les ONG de toutes tendances qui désirent s’exprimer pour faire valoir leur point de vue dans le débat sur les droits de l’Homme à Genève.

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